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d'obstétrique de décembre 2001 |
Voici la newsletter d'obstétrique de Décembre 2001
Et le père dans tout ça… :Revue de la littérature par Michel Briex.
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Et le père dans tout ça…: Revue de la littérature par Michel BRIEX Il y a quelques semaines un débat animé a eu lieu sur la gynelist au sujet de la présence du père dans la salle d’opération lors d’une césarienne. Ce sujet à priori anodin et qui ne semblait pas poser de problème pour beaucoup d’Obstétriciens a soulevé des passions et beaucoup de nos collègues ont affirmé des positions extrêmement rigides sur leur attitude. Les propos portaient davantage sur les dangers potentiels d’une telle présence (infectieux, médicaux, psychologiques ou médicaux légaux..) alors que rien ne prouve cela et que d’un autre côté nous ressentons la demande des couples dont certains se regroupent même en associations.
PRESENCE DES PERES DANS LA SALLE DE CESARIENNE ET DEVENIRs MATERNEL ET NEONATAL. Fathers in the cesarean section room and maternal/neonatal outcomes. Sakala EP, Henry RA. J Perinatol 1988 Fall;8(4):342-346. Deux cent vingt sept naissances consécutives à terme par césarienne ont été étudiées sur une période de 10 mois et divisées en deux groupes : père présent et père absent. Le groupe « père présent » avait davantage participé à la préparation et avait des notions sur l’analgésie loco-régionale. Les scores d’APGAR à une et cinq minutes étaient meilleurs lorsque l’accouchement se déroulait en présence du père. La durée entre l’incision de la peau était plus longue mais le nombre de transfusions était plus bas lorsque le père était présent. Une étude plus détaillée des deux groupes a fait disparaître certaines différences mais pas le meilleur Apgar à la naissance avec une anesthésie loco-régionale. Aucune conséquences négative n’a pu être notée à la présence du père. Note de l'auteur: L’étude ne date pas d’hier et c’est la plus récente que j’ai pu trouver dans la littérature. Ce genre de travail est délicat à mener et ici on a affaire à une étude rétrospective dans laquelle les deux groupe ne sont pas comparables. On peut penser que si le père était absent alors que la possibilité de rester lui est offerte c’est parfois parce qu’il ne veut pas mais surtout parce que la césarienne était faite dans un certain empressement ou une certaine urgence expliquant que l’on a pas trop insisté pour qu’il reste. On ne peut malheureusement tirer aucune conclusion des chiffres et on voit mal comment réaliser une étude prospective en choisissant les pères au hasard pour entrer en salle de césarienne, certains refuseraient et ce d’autant plus que nous sommes moins enclins à les accueillir notamment en cas d’urgence. Pourtant nombre de publication décrivent des avantages à cette présence :
INteraction père-enfant au premier contact après l’accouchement Father-infant interaction at the first contact after delivery. Rodhom M, Larsson K. Early Hum Dev 1979 Mar;3(1):21-27. Le comportement que montrent les pères humains lors de leur premier contact avec l’enfant a été étudié sur quinze pères d’enfants nés à terme par césarienne. L’enfant nu a été présenté à son père15 mn après sa naissance et des photos ont été faites toutes les secondes pendant les sept premières minutes du contact. Une progression régulière du comportement a été observée sur cette période : Le père commence à toucher les extrémités du bébé et continue à toucher les doigts et le bout des doigts puis utilise les paumes de ses mains et ensuite le dos des ses mains. Le contact des yeux dans les yeux devenait de plus en plus important. Les auteurs concluent dans ce travail que la prise de contact du père avec son enfant est tout à fait comparable à celle observée avec la mère. Effets du contact père-enfant dans le post partum sur les interactions à trois mois après la naissance Effects of father-infant post-partum contact on their interaction 3 months after birth. Rodholm M. Early Hum Dev 1981 Feb;5(1):79-85. Un groupe de pères a été autorisé à tenir l’enfant immédiatement après une césarienne alors qu’un second groupe n’a pas pu tenir le bébé tout de suite. Trois mois après dans une observation du jeu des pères et de leur enfant il a été remarqué que dans le groupe qui avait pu tenir le bébé tout de suite il y avait davantage d’échanges par le toucher des pères avec leur enfant que dans l’autre groupe. Note de l'auteur: On le dit depuis longtemps, ces premières secondes sont très importantes pour l’accueil d’une enfant dans sa famille et pour les liens qu’il tissera avec ses parents qu’il s’agisse de son père ou de sa mère. Dans le second travail ce même auteur a eu le mérite de choisir des pères au hasard pour étudier ces interactions ; la preuve de conséquences pour les deux est ainsi moins discutable.
Une vie perdue : expérience des pères qui perdent un de leur enfant avant la naissance. A waste of life: father’s expérience of losing a child before birth. Samuelsson M, Radestad I, Segesten K. Birth 2001 Jun;28(2):124-130. Préambule : La perte d’un enfant attendu par les couples occasionne souvent de la peine et du désespoir. La peine exprimée pour une enfant mort né est souvent décrite comme une forme d’espoir manqué où les pères sont oubliés dans le deuil. Le but de ce travail était de décrire l’expérience des pères qui vivent la perte d’un enfant mort in utero. Note de l'auteur: En faisant cette bibliographie j’ai été très surpris par le peu d’articles sur le sujet (il y en a davantage mais pas énormément pour le deuil des mères). On le voit dans ce travail, même dans ce type de problème il faut impliquer le père, sa présence est capitale pour l’acceptation de la situation par le couple, pour arriver à bien expliquer la situation et faire bien accepter l’accouchement d’un bébé mort (ce qui est dure épreuve psychologique) alors que les parents font spontanément et en première intention la demande d’une césarienne. Enfin n’oublions pas que dans un univers plus souvent féminin, certains hommes semblent apprécier davantage les explications et la compassion d’un autre homme pour les aider à faire le deuil.
Debrouillardise des pères, préparation à la naissance et expérience de l’accouchement et des suites de couches. Father’s coping style, antenatalpreparation, and experiences of labour and the post partum. Grennhalgh R, Slade P, Piby H. Birth 2000 Sep;27(3):177-184. Préambule : Ces dernières années, l’intérêt des pères qui attendent un enfant s’est accru dans les pays occidentalisés. Cette étude à décrit les interactions entre la capacité des pères à intégrer des informations et leur présence en cours de préparation à la naissance dans le respect de leurs expériences de futur père. Les associations entre les expériences des pères de la naissance, leur relation avec l’enfant et leur déprime dans les six semaines suivant l’accouchement ont aussi été étudiés . Note de l'auteur: Beau travail qui a le mérite d’essayer d’évaluer l’efficacité de la préparation à la naissance. Certes sur le plan scientifique le travail n’est pas parfait mais en plus avec ce type de travail on ne collecte que des données subjectives (les pères ne disent que ce qu’ils veulent bien) et il sera toujours possible de les discuter.
Changements dans les taux de testostérone, cortisol et estradil chez les hommes devenant pères. Changes in testosterone, cortisol, and estradiol levels in men becoming fathers. Berg SJ, Wynne-Edwards KE Mayo Clin Proc 2001 Jun;76(6):582-92. Objectif : Quantifier par une étude longitudinale les taux de stéroïdes chez les hommes devenant pères pour la première fois. Note de l'auteur: Pour ces auteurs le père ne serait pas qu’un témoin passif ; lui aussi vivrait des changements physiologiques observables par les variations de ces hormones, et comme ces hormones peuvent modifier le comportement… Je n’irais peut être pas aussi loin que ces auteurs et remarque que des investigations supplémentaires sont effectivement à mener de même que des études moins discutables sur le plan scientifique. Par exemple on pourraittout à fait supposer que ces modifications hormonales sont liées à un changement du comportement et du mode de vie : au manque de sommeil et aux nuits trop brèves (qui a eu un nouveau né à la maison comprendra), à la sexualité qui est vraiment modifiée, au changements dans l’activité professionnelle, etc.
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