Newsletter d'obstétrique
de  Mars 2002

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Voici la newsletter d'obstétrique de Mars 2002

Prise de poids et Grossesse : Revue de la littérature par Michel Briex.

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Prise de poids et Grossesse: Revue de la littérature par Michel Briex

La prise de poids pendant la grossesse est une préoccupation importante à la fois pour les patientes et pour leur médecins. Si nous savons que la grossesse reste pour beaucoup de femmes une bonne occasion d’accroître leur BMI d’une manière notable sans retrouver par la suite leur poids antérieur, nous gardons des difficultés à cerner les limites d’une prise de poids excessive et surtout de ses conséquences pour la grossesse ou pour le poids de naissance du bébé (en dehors de situations pathologiques). Les quelques articles qui suivent abordent le problème de la prise de poids pendant la grossesse et son retentissement ou ses conséquences pour la mère et l’enfant.

Effets de l’index de masse corporelle avant la grossesse sur le poids de naissance des enfants

Effects of prepregnancy body mass index and gestational weight gain on birth weight. Merchant SS, Momin IA, Sewani AA, Zuberi NF. J Pak Med Assoc 1999 Jan;49(1):23-25.

Objectif : L’état nutritionnel des femmes est considéré comme un indicateur important du devenir de l’enfant à la naissance. L’étude a pour but de montrer les effets de poids ante conceptionnels variés sur les poids de naissance des enfants.
Méthodes : Deux cent femmes ont été incluses dans l’étude ; elles ont bénéficié de consultations de surveillance régulières et ont accouché à la maternité de l’Aga Khan entre janvier 1996 et décembre 1997.
Résultats : Pour les femmes donc le BMI ante conceptionnel était inférieur à 19 (cela fait 49kg pour 1,60m) une prise de poids inférieure à 12,5 kg était corrélée à un poids de naissance inférieur aux femmes de même BMI avec une prise de poids >12,5 kg. Les femmes ayant débuté leur grossesse avec un BMI entre 19,8 et 26 et qui ont eu ne prise de poids normale ont donné naissance aux bébés les plus gros. La prise de poids pendant la grossesse n’avait pas d’influence significative sur le poids de naissance des bébés pour les femmes ayant un BMI supérieur à 26 (70kg pour 1,60m).
Conclusion : Des efforts doivent être faits pour que les patientes aient un poids en début de grossesse assez élevé de manière à réduire l’incidence des enfants de faible poids de naissance. Les patientes ayant un BMI réduit devront être mieux surveillées.

Note de l'auteur: Cet article Pakistanais met en évidence des problèmes nutritionnels existant encore dans beaucoup de pays. Sous nos latitudes, il est tout de même assez fréquent de rencontrer des patientes à la limite de l’anorexie qui essaient de maintenir un poids faible en permanence et qui vivront très mal la prise de poids normale de leur grossesse. Une attention particulière doit être portée à ces patientes chez lesquelles souvent, à défaut d’une alimentation suffisante il faudra inciter à une alimentation diversifiée, cela peut permettre de réduire les conséquences pour leur bébé.

 

Prise de poids de la grossesse et sa corrélation avec le poids de naissance.

Pregnancy weight gain and its correlation to birth xeight.. Pinheiro A, David A, Joseph B. Indian J Med Sci 2001 May;55(5): 266-270.

L’étude a été mise en œuvre pour étudier les relations existant entre la prise de poids maternel et le poids de naissance des bébés et si cette relation existait, d’établir une prise de poids minimale pour un bébé de poids normal à la naissance. L’étude rétrospective a étudié tous les enregistrements ante natals à l’hôpital rural et dans un centre de santé. L’étude a porté sur la période 1986-1999. Près de 2000 enregistrements ont été étudiés en détail avec exclusion des grossesses pathologiques ou multiples. L’étude a montré qu’un meilleure prise de poids au second trimestre permettait un meilleur poids de naissance (p<0,05). Les autres facteurs influençant ce paramètre étaient l’âge (p<0,001), le suivi obstétrical régulier (p<0,05) et la parité (p<0,05).

Note de l'auteur: Même après élimination de toutes les grossesses pathologiques ou diabètes gestationnels, il ne se dégage pas réellement de prise de poids optimale de grossesse dans cette étude. La problématique est ici différente puisque les auteurs prennent souvent en charge des femmes peu médicalisées et dénutries. Ils peuvent donc concentrer leur efforts sur le second trimestre pour permettre un meilleur poids de naissance aux bébés de ces femmes. On remarque simplement dans ce travail comme dans d’autres que si le faible poids maternel et la faible prise de poids ont une réelle incidence sur le poids du bébé (l’adage « le bébé se sert en premier » n’est pas tout à fait vrai…), en dehors d’un diabète gestationnel la prise de poids maternelle excessive n’a pas autant de retentissement sur le poids du bébé.

 

Les obstétriciens, le poids maternel et les désordres alimentaires de la grossesse.

Obstetricians and maternal body weight and eating disorders during pregnancy. Abraham S. J Psychosom Obstet Gynecol 2001 Sep;22(3): 159-163.

Le retard de croissance intra utérin (RCIU) est associé avec le BMI maternel avant la grossesse, la prise de poids gravidique, la tabagisme et les comportements alimentaires ou régimes. Le but de cette étude était d’examiner le comportement des obstétriciens pour déterminer ce qui pouvait être fait pour prévenir le RCIU et ne pas trop malmener l’image corporelle de la femme pendant sa grossesse. Des Obstétriciens (n=67) pratiquant 125 accouchements dans l’année ayant précédé ont rempli un questionnaire se renseignant sur leurs pratiques ante natales de prise de poids maternelle, de renseignements sur l’histoire de leurs patientes et écoute de ces dernières. Aucun médecin ne calculait le BMI des patientes. La plupart des femmes (90%) étaient pesées lors de la consultation habituellement par l’infirmière à l’accueil mais 1/3 des obstétriciens ne prenaient pas en compte cette mesure. La plupart des médecin interrogeaient les patientes sur leur consommation de tabac et d’alcool avant la grossesse et durant la grossesse abordaient le sujet des supplémentations et le problème des nausées et des vomissements. Moins de 50% des médecins interrogeaient les patientes sur une éventuelle dépression, le suivi d’un régime ou des désordres alimentaires. Un tiers des médecin n’avait pas le sentiment d’avoir rencontré une patiente avec des désordres alimentaires dans l’année ayant précédé. Les Obstétriciens interrogeant les patientes sur leurs problèmes alimentaires étaient significativement davantage susceptibles de les interroger sur une éventuelle dépression. Les Obstétriciens du privé étaient significativement moins susceptibles d’interroger les patientes sur un éventuel passé dépressif ou de les orienter vers un psychothérapeute .
Les auteurs concluent que les obstétriciens peuvent améliorer la prise en charge ante natale en interrogeant les patientes sur leur poids, en calculant leur BMI, en dépistant les comportements de perte de poids volontaire et les problèmes psychologiques ou psychiatriques comme certains désordres alimentaires.

Note de l'auteur: Ces troubles du comportement alimentaires ne sont pas si rares ; qu’il s’agisse de patientes vivant mal les changements corporels qui accompagnent la grossesse et qui vont rester en restriction alimentaire ou les patientes qui cherchent à majorer la plénitude qu’elle ressentent en s’alimentant déraisonnablement. Le point de vue de l’auteur est intéressant car il insiste davantage sur l’aspect signification réelle du trouble comportemental alimentaire que sur les éventuelles conséquences physiques de la prise de poids maternelle avec lesquelles nous sommes souvent plus familiers..

 

Nutrition maternelle et survie périnatale.

Maternal nutrition and perinatal survival. Rush D. Nutr Rev 2001 Oct;59(10):315-326.

La relation simpliste entre l’état nutritionnel maternel et la survie périnatale habituellement proposée (Augmentation des apports => augmentation du poids maternel => augmentation de la croissance fœtale => amélioration de la survie) n’est à l’heure actuelle plus défendable. En premier lieu, le poids maternel et la prise de poids maternelle pendant la grossesse semblent tout à fait résistants à toute supplémentation ou conseil alimentaire. Par ailleurs l’augmentation du poids fœtal attribuée à une augmentation de la prise de poids maternelle ne permet pas efficacement d’augmenter la survie périnatale (parce que la prise de poids est associée à la fois au poids de naissance et à une mortalité périnatale plus forte). En fin de compte ; alors que les supplémentations durant la grossesse semblent avoir un effet très relatif sur le poids de naissance dans les situations en dehors de la famine (en contraste avec les situations de famine ou de forte carence d’apport) leur impact n’est pas transmis par la mère. Au contraire, la partie maternelle de prise de poids associée avec une croissance fœtale accrue correspond surtout au volume plasmatique.

Note de l'auteur: Autres lieus, autres préoccupations... Aux états Unis comme chez nous les problèmes de famine ou de dénutrition par carence d’apport restent exceptionnels l’article montre bien que pour des patientes ayant une alimentation suffisante mais dont le BMI ou la prise de poids de la grossesse restent faibles, une supplémentation n’aura qu’un effet réduit sur le poids de naissance et pas vraiment sur la morbidité ou la mortalité périnatale. L’argument de supplémenter pour réduire les problèmes dans de telles situations ne tient donc pas trop la route.

Différentes prises de poids chez des femmes de poids normal avant la grossesse : poids dans les suites de couches et poids de naissance du bébé.

Different weight gain in women of normal weight before pregnancy: postpartum weight and birth weight. Thorsdottir I, Birgisdottir BE. Obstet Gynecol 1998 Sep;92(3):377-383.

Objectif : Identifier l’effet de différentes prises de poids gestationnelles chez des femmes de poids normal avant la grossesse sur le poids de naissance des bébés et le poids de ces femmes 12 à 18 mois après l’accouchement.
Méthodes : deux groupes de femmes de poids normal avant la grossesse (BMI 19,6 à 25,4/m²) ont été incluses dans l’étude. Elles ont pris un poids soit modéré (9 à 15 kg) soit important (18-24 kg). A partir des dossiers médicaux et d’interview téléphoniques des informations sur l’âge, la taille, le poids avant et après la grossesse, le poids de naissance de l’enfant, le mode d’allaitement, la parité et un éventuel tabagisme.
Résultats : Une prise de poids importante pendant la grossesse s’associait à un poids de naissance supérieur de 286 g par rapport au poids des bébés nés de mères ayant une prise de poids modérée. Le coefficient de corrélation entre prise de poids maternelle et poids de naissance était de 0.3 (p>0,001). Le poids en post partum des femmes ayant une prise de poids gravidique importante était de 2,6Kg de plus qu’avant la grossesse mais le groupe prise de poids modéré avait une différence consistant en une perte de poids de -0,1 +/- 0,47Kg par rapport à leur poids avant la grossesse. La plupart des femmes dans les deux groupes (88,6%) ont retrouvé leur poids antérieur et le poids avant la grossesse était significativement corrélé au poids dans les 24 mois suivant l’accouchement. Il n’y a aucune différence significative entre la durée de l’allaitement maternel et la perte de poids maternelle.
Conclusion : Une prise de poids élevée pendant la grossesse chez des femmes ayant un excès pondéral accroît significativement le poids de naissance des bébés et le poids de ces femmes dans les suites de l’accouchement par rapport à un groupe de faible prise de poids. Le poids avant la grossesse est un meilleur indicateur du poids en post partum tardif et la plupart des femmes retrouvent leur poids antérieur indépendamment de leur prise de poids de la grossesse.

Note de l'auteur: Ce n’est pas toujours l’impression que l’on a et nombre de nos patientes déjà en excès pondéral modéré grossissent parfois déraisonnablement pendant la grossesse et ont beaucoup de mal à retrouver leur poids antérieur. Je pense qu’il est préférable de leur conseiller d’éviter une prise de poids trop excessive pour ne pas vivre trop de difficultés ultérieures à perdre ce poids.
Par ailleurs ce travail ne prend pas tous les aspects en compte car si l’obésité ou une prise de poids importante chez les personnes ayant un excès pondéral influent relativement peu sur le poids de naissance dans cette étude (+/- 286g), cette situation va aussi accroître significativement les difficultés potentielles au moment de l’accouchement avec un bébé un peu plus gros mais surtout un risque accrue de travail long, de forceps ou de
césarienne qui elle même est plus susceptible de se compliquer . La prévention d’une prise de poids excessive avec conseils et mesures diététiques semble donc tout à fait légitime pour ce problème..

 


 
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Nouveautés sur le web

Sur le web en français

Organisation Mondiale de la Santé

Lutte contre la rubéole et le syndrome de rubéole congénitale (SRC) dans les pays en développement  
Charge de morbidité due au SRC, vaccination, bibliographie de la rubéole et du SRC dans les pays en développement par région, enquêtes sérologiques sur la rubéole chez les femmes en âge de procréer dans les pays en développement, calendriers nationaux de vaccination ; format : pdf 

Centre Hospitalier Baie-des-Chaleurs

Grossesse et diabète
définition du diabète gestationnel, risques d'une grossesse chez diabétiques, dépistage, complications pour la mère, complications fœtales, traitements (niveaux de glycémie souhaitable, régime alimentaire, exercice physique, autosurveillance, insulinothérapie, hypoglycémiants oraux, accouchement), traitement médicamenteux, rubrique formation avec définitions (glycémie, taux de sucre, insuline, hypoglycémie, examens de contrôle, exercice) 

 

Sur le web en anglais

 Medscape Womenhealth

Le tabagisme maternel augmente le risque de diabète gras de la descendance

Les femmes enceintes consommant une eau très chlorée ont un risque augmenté de fausses couches et de malformation foetale

Une exposition intense à la pollution urbaine en début de grossesse pourrait augmenter le taux de malformations cardiaques

une mutation spécifique du gène glutathione S-transferase P1 du père joue un rôle important dans le risque de pre-eclampsie, 

L'IRM est une technique très efficace de diagnostic des thromboses veineuses profondes et peut être particulièrement utile chez la femme enceinte

Les patchs de nicotine sont efficaces pour le sevrage tabagique pendant la grossesse et sans risque pour le foetus

La position utilisée pendant le sommeil en début de grossesse pourrait influencer le lieu d'insertion placentaire

Le misoprostol sublingual est plus efficace en sublingual que par voie orale dans le déclenchement du travail à terme

British Medical Journal

utilisation de feuillets d'information validés EBM pour la promotion du consentement éclairé en maternité

Une faible consommation de poisson pendant la grossesse majore le risque d'accouchement prématuré

 


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