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LA RUPTURE PREMATUREE DES MEMBRANES 

Grâce au Département Phlébologie des Laboratoires BEAUFOUR, pionniers de l'Internet médical, voici la newsletter d'obstétrique de mars 1998

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LA RUPTURE PREMATUREE DES MEMBRANES 

Revue de la littérature par Michel Briex.

bluedot.gif (326 octets)Physiopathologie de l'accouchement prématuré et de la rupture prématurée des membranes en relation avec l'infection amniotique:

Pathogenesis of preterm labor and preterm premature rupture of membranes associated with intraamniotic infection.Gomez R, Romero R, Edwin SS, David C. Infect Dis Clin North Am 1997 Mar; 11(1):135-176.

Les auteurs proposent ici un modèle dans lequel l'élément déclencheur du travail en présence d'une l'infection provient de l'hôte.
Les infections maternelles comme une pyélonéphrite ou une amniotite sont susceptibles de déclencher le travail par leur activation des monocytes et du système macrophagique au niveau sanguin périphérique et au niveau des membranes. La mise en travail prématurée (MAP) et la rupture prématurée des membranes (RPM) peuvent selon les auteurs, être considérés comme des événements qui se produisent lorsque l'environnement est hostile et menace la mère ou l'enfant; de ce point de vue, la mise en travail prématurée peut être considérée comme un mécanisme de survie.
Pourquoi l'infection est elle parfois responsable d'accouchements prématurés et dans d'autres cas d'une RPM? On peut admettre que le type de réponses biologiques de l'hôte à l'infection à un rôle prépondérant dans la présentation clinique: Si la réponse de l'hôte se fait plutôt sous la forme de sécrétions de substances utérotoniques (prostaglandines en particulier) on observe une MAP, dans le cas ou cette réponse consiste en une sécrétion prédominante de protéases (élastase leucocytaire en particulier) nous observons une RPM. La MAP comme la RPM peuvent être considérées comme l'expression du même phénomène: la mise en jeu d'un système de défense de l'hôte par l'activation de son système macrophagique.

bluedot.gif (326 octets)Note de l'auteur : Le travail est sérieux, l'article riche (41 pages) un peu technique... Même si nous ne doutions plus du rôle de l'infection dans la MAP ou la RPM, les auteurs ont le mérite d'essayer d'en clarifier les mécanismes (ce qui n'est pas encore gagné).


bluedot.gif (326 octets)ETUDE PROSPECTIVE, RANDOMISEE, EN DOUBLE AVEUGLE AVEC ESSAI CLINIQUE CONTROLE PORTANT SUR UNE ANTIBIOTHERAPIE CHEZ DES PATIENTES PRESENTANT UNE RUPTURE PREMATUREE DES MEMBRANES DEJA TRAITEE PAR CORTICOTHERAPIE ANTENATALE.

A prospective, double blind, randomized, controlled clinical trial of ampicillin-sulbactam for preterm premature rupture of membranes in women receiving antenatal corticosteroid therapy. Lovett SM, Weiss JD, Diogo MJ, Williams PT, Garite TJ. Am J Obstet Gynecol 1997 May;176(5): 1030-1038.

Objectif: Le but de l'étude était de tester l'efficacité de l'antibioprophylaxie chez des femmes présentant une rupture prématurée des membranes (RPM) et recevant une corticothérapie antenatale.
Protocole de l'étude: Cent douze patientes ont été séparées au hasard et en double aveugle en trois groupes: (1) Traitement ampicilline-sulbactam (Unacim®) pendant 72 heures suivi d'un traitement par Ampicilline acide clavulanique (Augmentin®), (2) Ampicilline pendant 72 heures suivi soit par amoxicilline soit par un placebo(3).

Résultats: 48,6% des nouveaux nés du groupe placebo sont décédés, ont présenté un septis ou une détresse respiratoire sévère contre seulement 29,3% dans le groupe (2) (p<0,05) et 26,3% dans le groupe (1) (p<0,05). Les trois morts néo natales sont survenues dans le groupe placebo (p=0,03 versus groupe antibiothérapie). Le poids moyen à la naissance était supérieur dans le groupe (2) (1773g p=0,04) et dans le groupe (1) (p=0,02) que dans le groupe placebo (3) (1543g). L'antibioprophylaxie réduit aussi la durée de ventilation artificielle.

Conclusions: L'antibioprophylaxie associée à la corticothérapie réduit significativement la mortalité et la morbidité néonatale dans la RPM, elle augmente aussi le poids de naissance des bébés.

bluedot.gif (326 octets)Note de l'auteur: Une étude sérieuse, un travail bien conduit, une série conséquente (112 RPM). Nous avons tous hésité quelques temps à la prescription systématique d'antibiotiques dans la RPM de peur de favoriser des infections résistantes et de grever ainsi le pronostic fœtal. De plus en plus d'études (dont celle ci) vont dans le sens contraire. Les résultats de ce travail vont dans le sens de l'hypothèse de l'article précédent sur certains mécanismes de la MAP et de la RPM cqfd.


bluedot.gif (326 octets)REDUCTION DE LA MORBIDITE NEONATALE APRES RUPTURE PREMATURE DES MEMBRANES. ETUDE CONTROLEE RANDOMISEE.

Antibiotic therapy for reduction of infant morbidity after preterm rupture of the membranes. A randomized controlled trial. Mercer BM, Miodovnik M, Thurnau GR, Goldenberg RL, Das AF, Ramsey RD, Rabello YA, Meis PJ, Moawad AH, Iams JD, Van Dorsten JP, Paul RH, Bottoms SF, Merenstein G, Thom EA, Roberts JM, Mc Nellis JD. JAMA 1997 Sept 24;278(12):989-995.

L'infection in utero est une des causes prouvée de la rupture prématurée des membranes (RPM), l'antibiothérapie prolonge la grossesse mais ses effets sur la morbidité infantile sont moins bien connus.
Objectifs: Déterminer si le traitement antibiotique in utero dans la RPM réduit la morbidité néonatale.
Méthodologie: Etude randomisée en double aveugle contrôlée contre placebo mise en œuvre par l'University Hospital of the National Institute of Child Health and Human Development Maternal-Fetal Medicine Units Network pendant une semaine. Ont pu être retenues 614 patientes parmi les 804 ayant présenté une RPM entre 24 et 32 SA et considérées comme pouvant continuer leur grossesse et n'ayant pas reçu de maturation corticoïde. Le traitement consistait en l'administration de 2g d'ampicilline IV toutes les 6 heures et de 250mg d'Erythromycine toutes les 6 heures pendant 48 heures suivi d'une association ampicilline Erythromycine per os pendant 5 jours versus traitement placebo. Les patientes présentant une infection par strptocoque B étaient traitées, aucun traitement tocolytique et aucune corticothérapie n'ont été administrés pendant la période de l'étude.
Eléments retenus: Les éléments à court terme étaient les suivants: mort périnatale, détresse respiratoire, hémorragie intra ventriculaire sévère, entérocolite nécrosante stade 2 ou 3 ou sepsis dans les 72 heures de vie. La morbidité périnatale a elle aussi été évaluée ainsi que la poursuite de la grossesse.
Résultats: Sur la population totale les complications à court terme (44,1% versus 52,9%-p=0.04), la détresse respiratoire (40,5% versus 48,7%-p=0.03) et l'entérocolite nécrosante (2,3% versus 5,8%-p=0,03) étaient moins fréquents sous antibiotiques. Dans le groupe streptoB négatif, les patientes traitées par antibiotiques avaient moins de complications immédiates (44,5% versus 54,5%-p=0,03), de détresses respiratoires (40,8% versus 50,6%-p=0,03), d'infections (8,4% versus 15,6%-p=0,01) et d'autres complications.Parmi ces femmes non porteuses de strepto B un allogement significatif de la durée de la grossesse existait sous antibiothérapie (p=0,001).
Conclusions: Les auteurs recommandent que les patientes surveillées pour RPM bénéficient d'une antibiothérapie pour réduire la morbidité néonatale.

bluedot.gif (326 octets)Note de l'auteur: L'étude est puissante portant sur un grand nombre de patientes suivies simultanément dans plusieurs centres, la démonstration est donc limpide, continuons…
Il faut tout de même limiter les résultats de ce travail au demeurant fort sérieux, et changer les termes du titre car il s'agit plutôt d'une étude sur l'utilité de l'antibiothérapie dans la RPM chez des patientes ne portant pas de strepto B.


bluedot.gif (326 octets)ACCOUCHEMENT PREMATURE ET RUPTURE PREMATUREE DES MEMBRANES. DIAGNOSTIC ET PRISE EN CHARGE :

Preterm labour and preterm rupture of the membranes. Diagnosis and management. Mercer BM, Leweis R. Infect Dis Clin North Am 1997 Mar;11(1):177-201.

L'accouchement prématuré consécutif à la rupture prématurée des membranes est responsable de la majeure partie de la mortalité et de la morbidité néonatale aux USA. Les patientes présentant des symptômes faisant craindre une telle situation doivent bénéficier d'examens permettant d'évaluer la situation, de confirmer le diagnostic et d'en traiter la cause véritable. La détermination de l'âge gestationnel, du bien être fœtal, et la présence d'une infection intra-utérine sont des étapes cruciales dans la prise en charge. La corticothérapie est actuellement reconnue de façon certaine comme capable de réduire la mortalité et la morbidité néonatale et doit être prescrite à toutes les patientes présentant une MAP et dans la mesure du possible à celles dont la maturité pulmonaire fœtale est absente ou non documentée. Les auteurs recommandent une prise en charge similaire pour les patientes présentant une rupture prématurée des membranes (RPM) avant terme mais reconnaissent le manquent d'études qui en prouvent formellement l'utilité. La tocolyse à la période aiguë offre des résultats non durables mais qui peut souvent permettre la mise en œuvre d'une maturation corticoïde. Le traitement tocolytique n'est pas dénué de risques maternels et fœtaux et il faudra bien en peser le rapport risque bénéfice attendu avant de le mettre en œuvre: une évaluation de la maturité pulmonaire et du risque d'infection sont impératifs pour faire le choix d'un tel traitement. L'antibiothérapie ne semble pas réduire la morbidité maternelle et infantile consécutives à l'accouchement prématuré, par contre ce traitement semble efficace pour réduire le risque de chorioamniotite, pour augmenter la durée de la grossesse et semble susceptible de réduire les infections néo natales et la morbidité liée à la prématurité dans la RPM. Enfin, les auteurs conseillent une administration d'antibiotiques intrapartum en cas de menace d'accouchement prématuré ou de RPM prolongée dans toutes les situations ou il existe la notion d'un streptocoque B mais aussi lorsque cette information n'est pas connue, ce traitement fait appel à une blactamines parentérale.

bluedot.gif (326 octets)Note de l'auteur : Un rigoureuse mise au point sur le sujet et des références d'actualité; l'attitude vis à vis du strepto B est intéressante et pourrait être résumée ainsi: "toute MAP doit être considérée comme consécutive à un streptocoque B jusqu'à preuve du contraire".


bluedot.gif (326 octets)AMNIOINFUSION DANS LA PREVENTION DE L'HYPOPLASIE PULMONAIRE DANS LA RUPTURE PREMATUREE DES MEMBRANES DU SECOND TRIMESTRE.

Amnioinfusion for prevention of pulmonary hypoplasia in second-trimester rupture of membranes. Vergagni P, Locatelli A, Strobett N, Cavallone M, Arosio P, Ghidini A. Am J Perinatol 1997 Jul;14(6):325-329.

Le but de l'étude est d'évaluer la faisabilité et les bénéfices de l'amnioinfusion transabdominale dans la rupture prématurée des membranes (RPM) du second trimestre avec oligoamnios sévère. Les auteurs ont comparé un groupe de patientes ayant présenté une RPM à un terme inférieur ou égal à 25 SA et ayant bénéficié d'amnioinfusions répétées (n=18) à un groupe témoin suivi précédemment et ayant eu un suivi avec surveillance simple (n=16). Le diagnostic d'hypoplasie pulmonaire était posé à la naissance selon des critères cliniques et radiologiques stricts.
Aucune complication de l'amnioinfusion n'a été observée. La prévalence de l'hypoplasie pulmonaire était significativement moins fréquente chez les patientes ayant bénéficié d'une amnioinfusion par rapport au groupe contrôle (46%=6/13 versus 86%=12/14) malgré un âge gestationnel moyen au moment de la RPM inférieur dans le groupe traité. Dans le sous groupe où le liquide d'amnioinfusion était rapidement évacué, le pronostic était moins bon que pour les femmes chez qui l'oligoamnios avait pu être contrôlé pour au moins 48heures (0/4 versus 6/9). Les patientes pour lesquelles l'amnioinfusion est efficace ont en général un intervalle plus long entre la RPM et la survenue d'un oligoamnios que les patientes chez lesquelles l'apparition de l'oligoamnios était plus rapide. Ces éléments semblent montrer que la vitesse de perte du liquide amniotique dans la RPM est un facteur prédictif de la perte du liquide d'amnioinfusion et permet de déterminer quelles patientes tireront le plus grand bénéfice de cette technique.

bluedot.gif (326 octets)Note de l'auteur : L'amnioinfusion est une méthode très utilisée au USA mais la plupart des articles sur le sujet concerne l'amnioinfusion pendant le travail, pour une fois qu'un article vient d'Europe…La technique est de réalisation simple et le mérite de ce travail est d'avoir essayé de déterminer quelles patientes tireraient le plus grand bénéfice de ce traitement apparemment facile à mettre en œuvre (sous couvert d'une antibiothérapie of course)

 


bluedot.gif (326 octets)RUPTURE PREMATUREE DES MEMBRANES: ETUDE RANDOMISEE SURVEILLANCE HOSPITALIERE VERSUS SUIVI A DOMICILE.

Preterm premature rupture of membranes: a randomized study of home versus hospital management. Carlan SJ, O'Brien WF, Parsons MT, Lense JJ. Obstet Gynecol 1993 Jan;81(1):61-64.

Objectifs: Comparer la durée de la période de latence, l'âge gestationnel à l'accouchement et la sécurité chez des patientes sélectionnées présentant une rupture prématurée des membranes (RPM) choisies au hasard pour un suivi soit à domicile soit en hospitalisation.
Méthodes: En fonction de critères d'inclusion stricts, 67 patientes ont été sélectionnées au hasard pour être suivies soit à domicile soit à l'hopital.Les deux groupes étaient pris en charge de façon semblable avec repos au lit. La surveillance consistait en une prise de température toutes les six heures, un compte des mouvements fœtaux, ERCF et bilan sanguin deux fois par semaine, échographie hebdomadaire et examen clinique du col.
Résultats: Il n'y a aucune différence significative entre les caractéristiques périnatales et le devenir immédiat dans les deux groupes. Toutefois il a été noté dans le groupe suivi à la maison une diminution de la durée d'hospitalisation de des dépenses médicales.
Conclusion: Pour un petit nombre de cas la RPM (18%) peut être prise en charge dans des conditions de sécurité satisfaisantes si l'on retient les critères de cette étude. Dans le groupe suivi à la maison, la période de latence et l'âge gestationnel à l'accouchement n'étaient pas significativement différents.

bluedot.gif (326 octets)Note de l'auteur: On peut le faire…En plus ça fait des économies. En France il y a malheureusement assez peu de régions où l'organisation du réseau de santé permet une surveillance à domicile aussi serrée et dans de bonnes conditions de sécurité(tout le monde n'a pas l'HAD); si le risque est effectivement le même il ne nous restera alors qu'à convaincre les 18% de patientes.

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